La Folie des Hommes

"Ce sont ces rires, voyez vous ?" Le garde était ébouriffé. Ses vêtements étaient froissés et couverts de sang, ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, sa peau couverte de saletés et ses cheveux étaient collés et gras. Il puait la crasse et souriait, révélant des dents devenues brunes de part sa négligence. Il se balançait de gauche à droite dans un mouvement constant, son regard dansant sur les murs du hall et les ombres projetées sur eux.

Elysa le reconnu malgré la saleté et la puanteur – Roderick Largent, un des membres de la garde de son château. Il avait été désigné pour enquêter sur les disparitions sur Marae Lassel, avait été porté disparu deux mois auparavant, et avait été trouvé prêchant dans Zaikhal seulement quelques heures plus tôt. Il se tenait devant elle maintenant, flanqué de deux gardes qui lui lançaient des regards circonspects. Elle avait pitié.

“Roderick, où vous êtes vous rendu, qu'avez-vous vu ?” lui demanda-t-elle d"une voix tranquille et ferme, essayant de le calmer.

Les yeux de Roderick se fixèrent sur elle. Son attitude se modifia – il se tint droit et cessa de s'agiter. Il ne riait plus, ne souriait plus non plus, seulement son regard bleu clair dirigé vers elle. La salle sembla se déformer, les sons et les lumières semblant venir de direction incongrues alors qu'il commençait à parler.

"J'ai vu la fin. J'ai vu la venue d'une marée qui balayera la surface de ce monde et effacera les prophéties d’un Age d'Or. Les enfants qui ont été oubliés, enterrés et perdus seront appelés. Leur colère sera hérissée de pointes enduites du poison qui coule dans les veines de ce monde, et tout se décomposera. La lumière a abandonné Auberean et elle doit être détruite." Il laissa échapper un rire fou, mais ses lèvres ne bougèrent pas; ses yeux restaient rivé dans les siens et la salle devint lentement sombre. "Il y aura d'abord un temps de répit. L'ombre s'infiltrera dans ses demeures, silencieuse mais déterminée, toujours vigilante, tandis que les âmes perverties des hommes répondront à son appel. Les vastes salles de la cité de glace seront restaurées, une bataille éliminera de la terre les faibles, Ispar se tournera contre Ispar. Les cieux seront détruit et un cri à la fois saint et profane brisera une barrière qui nous a tous longtemps protégé".

Les flammes se ravivèrent derrière Roderick et son regard fou transperçait Elysa comme un couteau. La blessure de son dos palpita et le sang lui brûla les tempes.

"Vous me demandez ce que j'ai vu ? J'ai vu la folie qu'était d'envoyer Celui qui Apporte la Lumière au loin. Maintenant les ténèbres peuvent grandir, hors de tout contrôle, sans opposition. Vous êtes l'architecte de la mort de ce monde ! Damné soit votre nom !". Il se remit à rire de nouveau et Elysa cria de mépris.

*****

Lorsqu'elle se leva, Antius plaça ses mains sur ses épaules.

"Qu'y a-t-il ?" demanda-t-il.

"Antius, rappelle tous ceux qui enquêtent sur la Main de Raven." Elle toucha sa main de la sienne tandis qu'elle repoussait les couvertures. "J'ai besoin d'avoir des rapports de toutes les cités, j'ai besoin de savoir si quelque chose d'étrange s'est produit ici, n'importe quoi… d'anormal." Elle se tira hors du lit et avança vers son armure. "Ramène ici tous ceux qui ont été envoyé sur cette île damnée !"

Antius passa une main sur son visage jusque dans ses cheveux, "Elysa, ou vas tu ?"

"La Cité de Glace." Elle regarda le lit derrière elle, mais il n'était plus là.

"Je viens avec toi", dit-il.

"Non, j'ai besoin que tu m'apportes ces rapports et que tu ramènes nos éclaireurs vivants.“ Elle fixa une épaulette, puis l'autre. "Je vais prendre un groupe de garde avec moi. Je t'en prie, Antius."

Antius acquiesça avec résignation. Il était impossible de discuter avec elle une fois qu'elle était décidée. Mais malgré sa confiance en elle, il ne pouvait pas totalement effacer son inquiétude. Lui – et Ispar – l'avaient déjà perdu une fois. "Soit prudente."

Elle sourit, "Toujours."

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